En déclarant, en octobre 2021 que « la maison individuelle est un non-sens écologique, économique et social face à une urgence climatique qui ne se négocie pas », Emmanuelle Wargon, alors ministre du Logement, annonçait une évolution majeure dans la manière de penser le logement.
Cette formule entérinait une volonté politique de densification urbaine pour diminuer l’empreinte carbone du logement, à contre-courant du rêve de maison individuelle partagé par des millions de français … et pourtant longtemps encouragé par les autorités !
Une loi couperet.
Il faut dire que la loi « Climat et résilience », qui venait d’être promulguée le 24 août 2021 comportait, outre ses objectifs (et contraintes !) en matière de performance énergétique des logements, un volet qui impacte fortement l’avenir du logement en France : le Zéro Artificialisation Nette (ZAN).
Ce texte fixait l’objectif de diviser par deux le rythme de bétonisation entre 2021 et 2031 par rapport à la décennie précédente (donc de 250000 à 125000 hectares) pour atteindre, d'ici à 2050, zéro artificialisation nette, c'est-à-dire au moins autant de surfaces « renaturées » que de surfaces artificialisées.
La raison ? L’espace consommé pour l’habitat enlève aux sols, souvent définitivement, leur caractère naturel ou agricole tel qu’en 2015, l’habitat individuel et collectif couvrait près de 5 % du territoire national avec 2,5 millions d’hectares, cette surface ayant progressé presque cinq fois plus vite que la population au cours des cinq dernières décennies.
Conséquences.
C’est ainsi qu’il revient maintenant aux élus locaux de concilier sobriété foncière et développement des territoires, en revoyant les documents d'urbanisme locaux avec pour conséquence une raréfaction des terrains disponibles à la construction et donc un renchérissement du m² qui pénalise d’autant plus la construction individuelle, plus gourmande en foncier, que le collectif.
Mais, outre l’impact sur le prix du foncier, l’assèchement de la surface de foncier à bâtir réduit la taille des terrains constructibles dont la superficie médiane a reculé, en dix ans, de 18 % au niveau national pour atteindre 670 m2 en 2022.
Une loi qui contribue donc à la dégringolade des projets de construction de maisons individuelles car seulement 88 000 ont été autorisés en 2023, puis 63 200 en 2024, alors qu’entre 2007 et 2022, plus de 120 000 maisons sortaient de terre chaque année.
L’avenir en collectif.
Pourtant le confinement pendant la pandémie avait bien relancé l’intérêt des ménages pour « le pavillon avec un petit jardin » et l’exode de nombreux citadins avait semblé justifier le besoin de constructions de maisons neuves pour accueillir ces « nouveaux ruraux ».
Mais il devient évident que dorénavant le pavillon individuel deviendra exceptionnel avec des conséquences sur un marché de la construction de maisons individuelles qui pesait encore plus de 14.3 milliards d'euros en 2021, impactant des milliers d’entreprises artisanales et des centaines de milliers d’emplois … à suivre !