La crise financière de 2008 semble déjà appartenir au passé et on a presque oublié qu’elle a eu pour origine l’éclatement d’une bulle immobilière aux États-Unis, la titrisation des prêts immobiliers par les banques en ayant été le principal détonateur.
C’est ainsi que la financiarisation de l’immobilier se poursuit, transformant de plus en plus le secteur en actifs financiers négociables et spéculatifs plutôt que de le préserver en tant que bien destiné à l'habitation ou à l'usage commercial.
Des placements trop « rentables » ?
Car voilà maintenant plus de 20 ans que se déverse dans l’immobilier une masse croissante de capitaux financiers issus de l’épargne des individus, des entreprises ou des états, épargne drainée et centralisée par des gérants d’actifs chargés de la faire fructifier.
Tous bâtiments hébergeant des lieux de travail, de consommation, de loisir ou d’habitat deviennent alors des cibles candidates à l’achat et destinées à être mises en location et/ou revendues à plus ou moins longue échéance, selon les stratégies des gérants d’actifs cherchant à obtenir rapidement le plus de bénéfices pour leurs clients investisseurs.
Il faut dire que pour ces investisseurs « opportunistes », et donc de court terme, la promesse d’une rentabilité rapide à la location ou à la revente est attractive, même si certains secteurs souffrent conjoncturellement tel, par exemple, celui de l’immobilier de bureau en ce moment.
Un impact social !
S’il a pris naissance dans l’immobilier d’entreprise, ce mouvement de financiarisation s’est ensuite étendu à l’immobilier résidentiel lorsque le logement a été propulsé en tant qu’instrument financier plutôt que bien social.
C’est ainsi que non seulement les résidences avec services pour étudiants ou pour personnes dépendantes mais aussi des secteurs entiers de grandes villes se retrouvent progressivement sous la coupe de géants de l’investissement, avides de rendements immédiats.
Les conséquences de cette financiarisation sont alors immédiates : spéculation financière générant augmentation artificielle des prix de l'immobilier et fermant l’accès à la propriété pour les ménages à revenus modestes, gentrification des centres-villes, pressions sur les loyers, investissement minimaliste dans l’entretien et la maintenance des locaux.
Le logement c’est du temps long !
On comprend bien que les investisseurs financiers soient plus enclins à maximiser les rendements en augmentant les loyers ou en spéculant plutôt qu'en investissant dans la qualité des logements ou le bien-être des locataires … puisque c’est leur raison d’être.
On comprend moins que l’immobilier résidentiel, basé sur le temps long et donc incompatible avec des enjeux court-termistes, mais aussi à composante sociale et donc d’intérêt général et non individualiste … leur soit légalement si accessible.