A plusieurs occasions j’ai déjà abordé le sujet du DPE (Diagnostic de Performance Energétique), tant il est problématique pour de nombreux propriétaires bailleurs.
Car si l’indice de performance énergétique issu du DPE permet de positionner un logement par rapport aux engagements de modération énergétique du pays, il contraint également de nombreux propriétaires bailleurs à lancer des travaux de rénovation coûteux, s’ils souhaitent continuer à louer leur bien.
De nombreux griefs
Et ce n’est pas une sinécure tant le mode de calcul et l’algorithme utilisés pour établir la notation, depuis le remaniement de l’outil en juillet 2021, sont décriés, avec des critères privilégiant les grandes surfaces, des règles opaques et même … des résultats différents selon les diagnostiqueurs !
Car il faut rappeler que, si la notation du précédent DPE était établie sur la base des consommations énergétiques passées, le nouvel outil se base, quant à lui, sur les caractéristiques physiques du logement et de son équipement.
Ainsi si l’on avait auparavant une bonne évaluation des consommations énergétique réelles des logements, on n’a maintenant qu’une évaluation de leur performance énergétique qui ne permet pas toujours de préjuger de la consommation réelle, critère pourtant le plus pertinent pour juger de l’impact du logement sur le climat !
Retour à la réalité
Car en effet, pour limiter l’impact climatique, mieux vaut une passoire énergétique utilisée sobrement qu’un bien performant utilisé de manière dispendieuse, une évidence qu’une étude du Conseil d’analyse économique (CAE) publiée le 10 janvier 2024 vient conforter.
En effet, en se basant sur les données bancaires de 178 110 ménages, le CAE a fait ressortir les écarts de consommation énergétique entre les données théoriques projetées par leur DPE et leur consommation effective … et les résultats sont édifiants !
Ainsi la consommation réelle des logements classés en A ou B flirterait avec les 150 kWh/m²/an plutôt que les 83 kWh/m²/an prévus par le DPE, et la consommation réelle des logements classés G ne dépasserait celle des logements A ou B que de 86% au lieu des 560% théoriques du DPE.
Ah le facteur humain !
Les écarts de consommation entre les classes de logements se situent donc bien en deçà de ce que prévoyait le DPE, probablement parce que les habitudes de consommation des habitants s’adaptent à la réalité de leur facture énergétique, les foyers les plus aisés, majoritairement dans les logements performants, étant moins regardants sur leur consommation et, à l’inverse, les loyers plus modestes dans des logements mal isolés essayant de limiter au maximum le montant de leur facture.
On ne peut donc que regretter que la rénovation énergétique ne soit peut-être pas aussi efficace que ce qu’espérait le Ministère de la Transition écologique, mais aussi que la nouvelle mouture du DPE ait quelque peu perdu le sens des réalités en occultant complètement le facteur humain !