Chute inquiétante du nombre de propriétaires, crise du crédit immobilier, effondrement du marché locatif, faillites des agents immobiliers, des courtiers et des promoteurs, les unes des journaux spécialisés se succèdent et se rejoignent pour ensemble « broyer du noir ».
Mais de petites voix, et non des moindres, commencent à s’élever pour tempérer cette sinistrose ambiante communicative. A juste titre ?
Des indicateurs inquiétants
Il est vrai par exemple que, après plus de 30 ans de progrès régulier, le taux de propriétaires occupants qui flirtait avec les 60% décroit maintenant et passerait sous la barre des 58%, et le niveau actuel des taux des emprunts immobiliers n’y est sûrement pas étranger !
Il est vrai également que le nombre de candidatures à une annonce de location s’accroit de manière impressionnante, signe d’une raréfaction des biens disponibles sous l’effet de l’’interdiction progressive de louer les « passoires thermiques », d’une construction de logements neufs poussive et de nombreux primo-accédants condamnés à rester locataires pour cause de rejet de leur dossier d’emprunt.
Mais les répercussions de cette morosité du marché immobilier ne s’arrêtent pas là et touchent même les villes et départements qui, sous l’effet de ventes immobilières plus rares et donc de droits de mutation (ou frais de notaires) en baisse se retrouvent à devoir jongler avec des budgets plus étriqués que prévus (346 millions de moins pour la seule ville de Paris !).
Une correction voulue ?
Pourtant la politique gouvernementale du logement semble ne pas vouloir s’infléchir pour prendre en compte cette évolution du marché immobilier, à tel point que certains pensent qu’il s’agit d’une volonté politique assumée.
Ainsi la diminution du nombre de propriétaires occupants favoriserait un niveau plus élevé du taux d’emploi, un locataire étant capable de plus de mobilité géographique et professionnelle, condition nécessaire à la concrétisation d’un hypothétique plein emploi.
Mais d’autres acteurs, à contre-courant de l’ambiance dominante, restent sereins, tel le Crédit Agricole par exemple, qui juge la baisse de 25% à 30% du nombre de nouveaux crédits immobiliers au premier semestre 2023 comme un retour à la normale ou bien encore François Mouriaux, Directeur des Statistiques Monétaires et Financières de la Banque de France qui déclare : « Nous revenons à un niveau observé régulièrement avant 2015, on a quitté l’exubérance des dernières années, nous sommes dans une phase de normalisation et ne sommes pas préoccupés ».
En conclusion
Affolement de la part d’acteurs grisés par ces dernières « années folles » du marché immobilier où affaires et prix semblaient sans limites ? Possible, et peut-être qu’ainsi les prix, actuellement à la baisse, retrouveront-ils un niveau compatible avec le pouvoir d’achat de futurs propriétaires !
Mais si une correction d’un marché de la vente « immodéré » semble souhaitable, il n’en reste pas moins que le marché de la location, en souffrance également, fournit un besoin essentiel de la population et que, pour passer l’hiver, mieux vaut une passoire thermique qu’un bout de trottoir ou un hébergement d’urgence !