S’il est un sujet qui secoue en ce moment le monde de la location immobilière c’est bien celui de la rénovation énergétique des bâtiments car les objectifs se révèlent hors de portée au vu de l’ampleur du chantier et des délais restreints prévus dans la loi climat, publiée au Journal officiel le 24 août 2021.
Il faut dire que les errements dans l’élaboration de l’outil logiciel de mesure des performances énergétiques (le fameux DPE : Diagnostic de Performance Energétique) et la prise de conscience de la réalité du nombre de logements concernés n’ont pas facilité les choses.
D’autant plus que le couperet des premières interdictions de louer vient de tomber !
Un chantier qui devient colossal !
Car, après le blocage des loyers en œuvre depuis le 24 août 2022 (logements classés F et G), les plus de 140 000 logements classés G sur leur DPE, et dont la consommation d’énergie finale dépasse les 450 kWh par mètre carré et par an, sont tout simplement interdits à la relocation depuis le 1° janvier 2023 !
Ces premières interdictions mettent au pied du mur les propriétaires bailleurs qui n’ont pas eu le temps ou les moyens financiers (ou tout simplement essaient d’éviter !) de se mettre en conformité. Il sera en effet difficile de déroger à la règle car, avec la loi climat, le niveau de performance énergétique minimal devient un critère de décence, donc un impératif pour qu’un logement soit loué. On imagine déjà la multiplication des litiges entre bailleurs et locataires !
Mais pour ajouter aux difficultés actuelles d’évaluation du nombre exact de logements impactés, Olivier Klein, ministre délégué à la Ville et au Logement, a clairement fait savoir que les locations touristiques seront bien concernées à terme, comme les logements traditionnels, par les interdictions de louer des passoires thermiques. Et, dans ce cas, le périmètre du chantier explose, il suffit pour s’en convaincre d’écouter les professionnels de la neige s’alarmer récemment de la masse de logements saisonniers de montagne mal isolés car construits dans les années 70/80.
Un diagnostic contestable !
Ainsi donc ce méga-chantier de rénovation énergétique souffre d’une évaluation de son périmètre bien imprécise (et évolutive !), mais à laquelle, malheureusement, il faut ajouter la difficulté de faire accepter le nouveau DPE, l’outil d’évaluation de la performance énergétique, clé de voûte de la politique gouvernementale en matière de rénovation énergétique des logements.
Car le logiciel lui-même, profondément remanié en Juillet 2021, après quelques ratés est encore accusé de provoquer de nombreuses erreurs et différences de notations selon les diagnostiqueurs dont la formation est souvent inégale ou même inexistante mais attestée par un faux certificat de présence.
Mais, plus encore, l’écosystème du diagnostic a été terni par plusieurs affaires de fraudes dont la dernière concerne l’antenne de Narbonne du bureau Véritas qui a été condamnée pour avoir comptabilisé plus de 3 576 diagnostics de performance énergétique pour un même salarié dont plus de 400 dans une seule et même journée !
Un contexte délétère !
Alors, dans ce contexte plein de suspicions, on comprend facilement la réticence d’un propriétaire à engager des travaux de rénovation énergétique sans garantie ou engagement du diagnostiqueur qu’ils suffiront pour lui permettre d’obtenir la note DPE visée !
Manque de confiance dans des notations DPE variables selon les diagnostiqueurs, fraudes en tous genres, manque de professionnels et de financements pour exécuter les travaux, manque d’engagement des diagnostiqueurs, délais de mise aux normes utopiques, toutes les conditions sont donc réunies pour que ce méga chantier devienne un méga désastre avec des conséquences néfastes sur un marché du logement déjà difficile.