A l’aube des prochaines vacances d’été, il est maintenant devenu évident, pour la plupart des observateurs du marché locatif de longue durée, que la prochaine rentrée s’annonce difficile.
Difficile pour les locataires face à une pénurie de biens à louer qui s’aggrave, difficile pour les propriétaires qui devront faire preuve de prudence face à des candidats locataires qui, devant la difficulté de se loger, seront de plus en plus tentés de « frauder » pour se démarquer et obtenir « leur » toit.
Une pénurie sans égal
Taxes foncières qui s’envolent, obligations de rénovation énergétique pour pouvoir continuer à louer, plafonnement des loyers, augmentation du coût d’entretien des biens, risques croissants d’impayés et de dégradations, … les raisons ne manquent pas pour pousser les propriétaires bailleurs à retirer leur bien du parc locatif de longue durée.
Mais cette tendance se double d’une construction de logements neufs qui a chuté en 2022 de presque 15% pour le collectif et de 30% pour les maisons, conséquence du renchérissement des matériaux de construction, des difficultés de recrutement constatées dans tous les secteurs, mais aussi de l’intégration dans les process de construction de la nouvelle norme de construction RT 2020 entrée en vigueur le 1° janvier 2020,
Des biens qui fuient le marché locatif, une construction de logements neufs en berne et maintenant un accès à la propriété bridé pour de nombreux ménages contraints à demeurer locataires face à des prix qui ne fléchissent pas encore, des taux d’intérêt d’emprunts immobiliers en forte augmentation depuis plusieurs mois et des partenaires bancaires plus exigeants en matière de taux d’endettement et de niveau d’apport : toutes les conditions sont donc réunies pour provoquer une pénurie de biens à louer.
Une fraude croissante
Il est donc probable qu’à la rentrée prochaine les images de files de candidats locataires en attente de visite d’un rare logement disponible n’ont pas fini d’illustrer les articles de nos quotidiens, mais aussi que les mésaventures de locataires et de propriétaires abusés en alimenteront les pages.
Car devant le peu d’offres disponibles de faux propriétaires sauront aisément soutirer à des candidats locataires, pressés par l’urgence, les avances de loyers (illégales mais « indispensables ») pour visiter le logement et obtenir les documents tout aussi « indispensables » afin d’usurper leur identité.
Mais ce sont les propriétaires qui devront faire face à de nombreux dossiers, au mieux seulement « enjolivés », au pire complètement falsifiés qu’il est maintenant si facile de se procurer sur internet.
Vigilance et patience
Il est donc nécessaire plus que jamais d’être vigilant et de ne pas se précipiter pour sélectionner son locataire d’autant que, les demandes excédant généralement l’offre de location, le risque de vacance locative s’amenuise.
Car, si les sanctions prévues pour la falsification de documents (trois ans d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende) semblent dissuasives, la nécessité et l’urgence ont vite fait de désinhiber quiconque se retrouve acculé.