Les autorités semblent enfin avoir pris la mesure de I’ampleur de la crise du logement qui frappe le pays et plus intensément les villes touristiques de nombreuses régions.
Il faut dire que les maires de villes emblématiques comme Saint-Malo, Biarritz, et bien d’autres, n’ont cessé d’alerter sur les difficultés à maintenir dans leurs localités une offre de biens à louer suffisante pour héberger leurs administrés.
Une dérive inquiétante.
Car le phénomène dérape dans les zones les plus tendues notamment où des entreprises déménagent par manque de logements pour leurs salariés, où de nombreux travailleurs ne peuvent plus vivre près de leur travail et d'autres contraints de dormir dans leur voiture ou au camping en été pour laisser leur location à des vacanciers.
C’est donc toute la structure sociale des villes qui est chamboulée quand des locataires permanents sont exclus de leurs logements pour qu'ils soient transformés en meublés de tourisme et quand les familles doivent quitter le lieu où ils ont vécu pour laisser la place à la spéculation immobilière.
Mais c’est aussi le tissu social qui est déstructuré quand, dans les villes universitaires, 12% des jeunes abandonnent leurs études faute de trouver un logement et quand les commerces et services essentiels sont remplacés par des commerces éphémères et des activités de loisir.
Une frénésie de mesures.
C’est pourquoi propositions de loi et réglementations locales commencent à se multiplier pour tenter de mettre fin à cette raréfaction de biens à louer en longue durée, en ciblant tantôt les logements vacants, tantôt les résidences secondaires, tantôt le logement saisonnier.
On peut d’ailleurs constater que la plupart des propositions visent particulièrement Airbnb, devenue la bête noire des critiques de la momification des centres-villes et de la désertification hors-saison des sites touristiques.
C’est le cas de cette nouvelle proposition de loi transpartisane (appelée loi anti Airbnb !), adoptée le 7 novembre 2024 par l'Assemblée nationale et publiée au Journal officiel du 20 novembre 2024, qui ambitionne d’encadrer les meublés de tourisme type Airbnb pour favoriser le logement permanent.
Des mesures plus ou moins efficaces.
Une fiscalité moins favorable (abattement fiscal raboté, …), une réglementation énergétique alignée sur celle des biens en location de longue durée pour les nouveaux biens proposés en location saisonnière (DPE, interdictions de louer, …), un pouvoir des maires renforcé (quotas d’autorisations de meublés de tourisme, secteurs réservés, enregistrement obligatoire, ...), toutes ces mesures devraient permettre de freiner une dérive inquiétante.
En revanche on peut s’étonner de mesures telles que la possibilité de limiter le nombre de nuitées de 120 à 90 pour une résidence principale sachant qu’elle aura un impact sur le complément de revenu recherché par son propriétaire mais aucun effet sur le parc locatif disponible.