Selon Bien’Ici le parc de logement à louer en longue durée est près de deux fois inférieur à ce qu'il était il y a trois ans. Ce constat confirme la tendance relevée depuis quelques mois par les professionnels … et constatée par les particuliers !
Mais il semble bien que les différents décideurs locaux et nationaux aient enfin pris la mesure de ce qui s’annonce comme la prochaine crise du logement.
Une batterie d’initiatives
Si beaucoup ont longtemps refusé de reconnaitre les difficultés à se loger localement, suite notamment à l’explosion de la location saisonnière et des résidences secondaires, la mise en vente d’un nombre croissant de « passoires énergétiques », interdites à la location dès ce début d’année pour plus de 140 000 d’entre elles, a bien fini par les convaincre.
C’est ainsi que de plus en plus d’agglomérations envisagent d’interdire la location saisonnière et les résidences secondaires dans certains secteurs, d’augmenter fortement la taxe d’habitation pour pénaliser les seules résidents intermittents, de pousser à changer un régime fiscal trop avantageux pour les loueurs saisonniers (fin de l’abattement forfaitaire de 71 ou 50 % sur les locations de meublés touristiques voté à l’unanimité par le Sénat le 22 novembre) et même, en Bretagne et dans le pays basque, de créer carrément un statut de résident qui privilégierait à la location et à la vente les résidents permanents en mal de logement.
Mais cette prise de conscience ne s’arrête pas à nos frontières car ce phénomène de raréfaction de l’offre locative frappe de nombreux pays.
Un phénomène planétaire
Ainsi, dans les grandes villes américaines, l’inflation et la flambée des loyers jette nombre de familles devenues précaires dans la rue, à tel point que le gouvernement fédéral, pourtant peu interventionniste, a décidé de lancer en janvier 2022 un plan d’urgence pour aider les plus de 580.000 personnes sans abri (selon des données fédérales).
En Grande Bretagne et notamment à Londres, le manque de logements et l'envol des factures de gaz et d'électricité ont provoqué une augmentation sans précédent des loyers. Trouver un appartement à prix abordable à Londres est devenu si difficile que de nombreux expatriés réfléchissent à leur retour en France et que les candidats locataires n’hésitent plus à renchérir pour obtenir un logement.
Mais c’est au Canada que la crise du logement a provoqué la réaction la plus ferme avec une interdiction pour les étrangers d'acheter un logement jusqu'en 2025 ! Cette interdiction, destinée à lutter contre la pénurie de maisons et appartements dans le pays, ne s’appliquera qu’aux résidences en ville et préservera les résidents permanents ou les réfugiés.
Jusqu’à quand ?
Inadéquation énergétique des anciens logements, inflation et envolée des coûts de l’énergie, construction de nouveaux logements freinée par les nouvelles normes RT 2020 (coût d’une maison classique maintenant plus élevé de 5 % et 10 % qu’avec les normes RT2012), emprunts limités par un taux d’usure qui ne décolle pas suffisamment, … les contraintes s’accumulent et rendent peu probable un redressement rapide de la situation !
Il faudra donc composer encore longtemps avec le parc locatif existant, à tel point que, si les pouvoirs publics souhaitent redresser cette évolution mortifère, il leur faudra redonner envie aux propriétaires de garder ou même remettre leurs biens en location longue durée et pour cela … les outils existent !