Bonjour, je suis Julien, CEO de Wizi et MorningCroissant.
Chaque Lundi, je partage sur ce blog notre newsletter hebdomadaire suivie par plus de 68 000 lecteurs fidèles : investisseurs, propriétaires et passionnés d’immobilier.
Bonne lecture.
Aujourd’hui, on va parler d’un phénomène émergent : la « Airbnb fatigue », une tendance nouvelle observée sur le marché de l’hébergement de loisir.
Car après plus de dix ans de domination, la plateforme symbole du logement mondialisé commence à s’essouffler. Et ce ne sont pas seulement les hôteliers qui s’en réjouissent, ce sont parfois les voyageurs eux-mêmes.

L’âge d’or du rêve locatif.
En effet, pendant longtemps, Airbnb a incarné la promesse d’un tourisme « authentique ». Dormir « chez l’habitant », découvrir la ville « comme un local », éviter les hôtels aseptisés. C’était le bon plan parfait : moins cher, plus convivial, plus libre. C’est ainsi qu’entre 2010 et 2020 le nombre d’annonces a été multiplié par 20 en France, passant d’un phénomène de niche à un réflexe quasi automatique pour tout départ en week-end.
Mais cet âge d’or touche à sa fin. Les villes touristiques sont saturées, les prix ont flambé, et le rêve « comme à la maison » s’est industrialisé. Paris compte désormais plus de 60 000 annonces actives, et Marseille, Lyon, … sont devenues des champs de bataille entre hôteliers, plateformes et municipalités.
Résultat : les voyageurs ne sont plus aussi séduits. Selon AirDNA (Europe Market Report 2024), la durée moyenne de séjour sur Airbnb a chuté de 17 % en Europe depuis 2022. Et surtout, les utilisateurs expriment un ras-le-bol très concret : prix gonflés, check-in et (out !) compliqués, frais de ménage délirants, ou lits pliants à 80 € la nuit. Les réseaux sociaux regorgent de vidéos dénonçant de nombreux abus et le charme de la clé sous le paillasson s’est estompé !
Le retour du réel (et de l’hôtel).
Face à cette lassitude, beaucoup de voyageurs redécouvrent les vertus… du bon vieil hôtel : un accueil, un lit fait, un petit-déjeuner, un prix fixé à l’avance, pas de ménage ni de code d’entrée à 10 chiffres. Les plateformes d’hôtellerie ont d’ailleurs compris la leçon et Booking.com ou Accor surfent sur le discours « sans surprise, sans supplément » car le confort de la prévisibilité est redevenu désirable.
Côté investisseurs, le choc est rude car les taux d’occupation baissent, les marges se réduisent, et certaines villes imposent des restrictions sévères (Paris limite à 120 jours par an, Lyon et Bordeaux imposent des autorisations). Le modèle du « studio rentable en courte durée » s’essouffle et près de 30 % des annonces françaises sont aujourd’hui inactives ou non renouvelées.
Et c’est peut-être une bonne nouvelle pour le logement résidentiel car une partie du parc Airbnb revient lentement sur le marché classique. À Lisbonne, Berlin ou Barcelone, des milliers d’appartements ont basculé sur une location à l’année et en France aussi, certains propriétaires redécouvrent les vertus de la location longue durée : moins de paperasse, moins de ménage, plus de stabilité.
Le retour du bon sens locatif ?
L’histoire d’Airbnb ressemble finalement à celle de toutes les utopies numériques : au début, on libère le marché mais à la fin, on le fatigue.
Bien sûr Airbnb a transformé le tourisme, mais il a aussi rappelé une vérité simple : le logement est surtout un espace de vie.
La lassitude des voyageurs annonce peut-être la maturité du marché où, après dix ans de frénésie, l’immobilier de loisir retrouverait un équilibre : moins de spéculation, plus d’usage car le AirBed & Breakfast originel avait vendu son âme au marché !