Bonjour, je suis Julien, CEO de Wizi et MorningCroissant.
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Bonne lecture.
A l’inverse de la fameuse série Game of Thrones où « Winter is coming ! » annonçait une sombre période, la trêve hivernale, qui démarre comme chaque année le 1er novembre et dure jusqu’au 31 mars prochain, protège les locataires de toute expulsion, même en situation d’impayés de loyer.
S’ouvre donc une période de cinq mois durant laquelle les locataires bénéficient d'une protection exceptionnelle, ne pouvant être expulsés de leur logement par le propriétaire et devant être obligatoirement alimentés en électricité, gaz et eau par leurs fournisseurs.
Entre compassion et crispation.
Mais, si cette séquence suspend les expulsions des locataires, elle ravive d’autant les angoisses des nombreux propriétaires bailleurs qui restent privés de revenus parfois essentiels alors que les procédures judiciaires déjà engagées se figent pour 5 mois de plus.
Bien évidemment personne ne se satisferait d’alourdir le nombre de 330 000 personnes déjà sans domicile fixe en France (selon la fondation Abbé Pierre), d’autant que pour de nombreux ménages, honnêtes mais en difficulté, ce répit n’occulte pas la peur de l’expulsion dès le printemps revenu.
Mais cette trêve ne fait malheureusement que camoufler une situation du logement de plus en plus critique, moins une solution qu’un temps mort collectif où chacun compte les jours, le locataire avant de savoir s’il pourra rester, le propriétaire avant de savoir quand il sera payé.
Une trêve qui arrive après la tempête.
Il faut dire, qu’en 2024 (selon la Fondation pour le logement), 24 556 ménages ont été expulsés de leur habitation avec le concours de la force publique, soit une hausse de 29 % en un an et de 223 % en vingt ans !
Cette évolution, on la doit à la loi dite « Kasbarian-Bergé » du 27 juillet 2023 visant à protéger les logements contre l'occupation illicite, loi qui a simplifié et accéléré les procédures d’expulsion (pour causes d’impayés ou de squat), inversant la dynamique d’alors qui privilégiait la prévention des expulsions locatives.
Mais sans résultat notable car, avec un taux d’impayés de loyers en hausse de 12 % sur deux ans (selon l’observatoire national du logement) et des délais d’expulsion qui dépassent souvent 18 mois, la peur du non-paiement freine les mises en location, avec pour conséquences une raréfaction de l’offre et une tendance à la hausse des loyers.
Le froid dehors, la tension dedans !
Ainsi la trêve hivernale, simple répit, n’est une victoire pour personne et se rapproche du « Winter is coming » de Game of Thrones quand elle nous révèle chaque année une situation plus chaotique encore et nous force à constater notre incapacité à gérer durablement le logement.
Car si les expulsions augmentent, ce n’est pas parce que les propriétaires sont plus durs, mais bien parce que le système craque de partout (loyers, aides, justice, énergie, DPE, …) et qu’il faudra bien un jour trouver un équilibre entre droit au logement et droit de propriété, non pas par un combat mais par ce dialogue qu’on a oublié de mener.