L’asséchement de l’offre sur le marché du logement locatif n’est plus mis en doute que par une cohorte de plus en plus réduite de thuriféraires de la génération spontanée.
Pourtant, devant la difficulté évidente à trouver un logement pour de nombreux français, nombre de politiques et décideurs s’entêtent à réduire le phénomène à un simple problème de loyers trop élevés.
Encadrement des loyers ?
Beaucoup ne jurent donc plus que par un « nécessaire » encadrement des loyers, sensé juguler une « inflation » des loyers décorrélée d’un pouvoir d’achat et de salaires qui peinent à suivre.
Autrefois limitée à des zones sous tension bien identifiées, la réglementation des loyers se généralise donc peu à peu sans pour avoir eu d’autre effet, pour l’instant, que de provoquer un exode des propriétaires bailleurs vers la location saisonnière jugée plus rentable ou même le retrait du logement du marché.
Il faut dire qu’en matière économique, une régulation des prix n’a jamais pour effet de juguler une pénurie mais permet simplement de … la partager, et l’exemple actuel de l’Argentine en apporte une preuve supplémentaire !
Déréglementation explosive !
Ainsi lorsque le fantasque tout nouveau président de l’Argentine, Javier Milei, a abrogé par décret le 29 décembre 2023 une des réglementations les plus strictes au monde en matière de loyer, beaucoup ont crié « au fou ! », d’autant que la réaction immédiate du marché a été d’augmenter drastiquement les loyers, mettant en difficulté de nombreux locataires.
Mais rapidement, attirés par un secteur locatif devenu plus rentable, de nombreux propriétaires sont alors revenus sur le marché de la location longue durée, stimulant une offre chétive, ce qui mécaniquement a fait émerger une concurrence qui a induit une baisse des loyers.
Avec des conditions de location librement négociées entre propriétaires et locataires le risque d’abus était important mais, après une année, l’effet de cette réforme a été incontestable : un quasi-doublement des annonces disponibles (selon les plateformes immobilières), et des loyers réels qui ont chuté de 40% (après une forte augmentation initiale !).
Un exemple ?
Les conditions d’accès au marché locatif se sont donc améliorées en Argentine avec une offre démultipliée et des loyers devenus plus abordables, les augmentations consécutives à la libéralisation des prix ayant été partiellement jugulées par une inflation encore boulimique.
L’exemple de l’Argentine est particulier car il s’applique à un pays à l’inflation galopante (plus de 200% en 2022) et à un marché locatif extrêmement règlementé, mais il peut devenir une source d’inspiration pour certains, tel le Maire de Nice, Christian Estrosi, qui a renoncé à contrôler les loyers fin 2023.