Une explosion de « Tanguy » ?  

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Publié par Wizi le 27/05/2024

          Nous sommes nombreux à avoir vu en 2001 le film de Étienne Chatiliez « Tanguy » puis sa suite en 2018, 2 scénarios qui évoquaient l’envol difficile d’un jeune adulte trop heureux dans son nid familial.

          Mais si cette comédie avait pour but de faire rire, elle n’en représente pas moins un fait de société loin d’être marginal et dont la Fondation Abbé Pierre constate le développement inquiétant.

Une augmentation des cas.

          En effet cette fondation publie cette année une nouvelle estimation du nombre de personnes hébergées chez leurs parents ou par d’autres proches, estimation qui souligne une augmentation du phénomène avec près de cinq millions d’adultes vivant chez leurs parents

          Ainsi, depuis la dernière enquête de la Fondation Abbé Pierre (« La Face cachée des Tanguy ») publiée en 2015, à partir des chiffres de 2013, le nombre de jeunes concernés est en hausse de 250 000 personnes, pour atteindre le chiffre de 4 920 000 personnes (contre 4 674 000 en 2013).

          Cette hausse s’explique partiellement par le nombre d’enfants du « baby-boom de l’an 2000 » arrivant progressivement à l’âge adulte mais confirme surtout que le manque d’autonomie résidentielle des jeunes reste un problème sensible, symptomatique de la pénurie de logements accessibles.

Des raisons variées.

          Bien évidemment l'âge moyen d'entrée dans la vie active (18 ans à la fin des années soixante-dix), a fortement augmenté avec l'allongement de la durée des études, à tel point qu’aujourd’hui seulement la moitié des jeunes (51%) se trouvent en emploi à 23 ans et que la proportion de jeunes salariés entre 25 et 29 ans reste encore faible (72%).

          Mais pourtant on compte environ 1,3 million de personnes en emploi qui vivent chez leurs parents, ce qui peut s’expliquer par des salaires trop bas et des niveaux de loyer trop élevés.

          On remarque d’ailleurs que la hausse des personnes hébergées chez leurs parents est presqu’entièrement due au genre masculin car, à 30 ans, 3 % des femmes vivent chez leurs parents contre 13 % des hommes, ce qui s’explique par « une mise en couple plus précoce des jeunes femmes, dans des relations où la femme est en moyenne plus jeune que son conjoint »,  selon la Fondation Abbé Pierre !

Une raison évidente.

          Si, outre les 2,4 millions d’étudiants, 1,3 million de jeunes salariés continuent ainsi d’habiter chez leurs parents, c’est qu’il leur est impossible de concilier un salaire de départ trop bas et un loyer élevé, mais aussi qu’il existe trop peu de  logements sociaux pour qu’ils puissent « décohabiter ».

          En définitive ce phénomène, même s’il trouve ses racines dans une évolution sociétale, ne peut qu’être amplifié par une crise immobilière qui provoque une raréfaction des logements disponibles … jusqu’à les rendre inaccessibles.

   

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