Au palmarès des acteurs économiques mal-aimés il est courant de propulser le propriétaire bailleur à une place de choix car il est de notoriété publique (bien sûr !) qu’il est avide, profiteur, et forcément riche (car bien évidemment rentier !) et donc enviable !
L’émission Capital sur M6 du dimanche 19 mars n’a pas su échapper aux clichés ressassés par une opinion anti-bailleurs portée par de nombreuses structures associatives qui ont fait de la défense des locataires, et d’eux seulement, leur unique combat.
Une émission à charge
Ainsi l’émission a abordé le sujet polémique de la fixation des loyers dans les zones tendues en indiquant que de nombreux loyers excèdent le barème, pointant ensuite le droit pour certains bailleurs (ou l’astuce pour d’autres !) d’en augmenter le montant grâce un complément de loyer justifié par des caractéristiques particulières (localisation, confort, ...).
Puis, au cours d’une séance d’interview de style micro-trottoir, certains passants, locataires, ont pu découvrir en direct le montant maximum autorisé de leur loyer et constater des dépassements avec leur loyer actuel.
En traitant le sujet du seul point de vue locataire, le propriétaire bailleur endosse donc le mauvais rôle et passe pour un opportuniste, obnubilé par les quelques euros de plus qu’il pourrait tirer de son loyer.
Un traitement partiel
Car, en résumant le problème de fixation du prix du loyer dans les zones tendues à « une avarice légendaire du propriétaire bailleur », on évacue complètement ses propres difficultés. Par exemple d’éventuels problèmes pour rembourser un emprunt immobilier (souscrit par 57% des bailleurs privés) quand son revenu locatif est bloqué ou, pire, doit être restreint quand le logement passe en zone tendue après l’achat.
Observer ce sujet par « le petit bout de la lorgnette » occulte également la problématique du financement par les propriétaires bailleurs des travaux de remise à niveau énergétique de centaines de milliers de logements sans pour autant pouvoir le compenser par une augmentation du loyer.
Enfin, c’est oublier que le blocage et le plafonnement des loyers conjugué à l’augmentation (qui se généralise !) de la taxe foncière, à l’obligation de travaux de remise à niveau énergétique (pour beaucoup !) est en train d’enclencher un mouvement de ventes et de basculement de biens en location saisonnière qui ne profitera pas aux locataires soumis à une raréfaction de l’offre !
Un problème bien plus large !
Traiter les problématiques de logement d’un seul point de vue (locataire, propriétaire, intermédiaires, …) ne permet que des analyses et propositions de solutions partielles et partisanes, basculant au profit des uns puis des autres, contentant certains et révoltant d’autres !
On aimerait tant que les problèmes du logement, besoin essentiel, puissent être analysés de manière plus globale, sans défendre les uns sans les autres, sans opposer locataires et propriétaires, mais en comprenant qu’une telle complémentarité entre les deux parties ne peut se satisfaire d’analyses ou de solutions déséquilibrées.